La chrétienne pakistanaise Asia Bibi, condamnée il y a quatre ans à la peine de mort en vertu d’une loi controversée sur le blasphème pour avoir « insulté » le prophète Mahomet, perd l’espoir d’être acquittée ou graciée, a déclaré vendredi son mari après lui avoir rendu visite en prison.
Asia Bibi, mère de cinq enfants, avait été condamnée à mort pour blasphème en novembre 2010, un an après une dispute avec des femmes musulmanes de son village concernant le prophète Mahomet.
La querelle avait dégénéré lorsque ces femmes avaient refusé de boire de l’eau dans un verre qu’Asia Bibi venait d’utiliser, jugeant le liquide impur, « haram », car venant d’une chrétienne, prélude à un échange houleux sur les différences entre Jésus et Mahomet, un sujet délicat au Pakistan.
Quelques jours plus tard, ces femmes avaient relaté l’affaire à un imam local qui avait accusé la jeune chrétienne d’avoir « insulté » le prophète de l’islam, ce que celle-ci a toujours nié.
Asia Bibi avait fondé énormément d’espoir dans l’appel de ses avocats devant la Haute cour de Lahore (est), mais ce tribunal a confirmé à la mi-octobre le verdict initial : peine capitale pour blasphème. Ses avocats veulent désormais porter l’affaire, qui suscite l’indignation dans les pays occidentaux, mais l’indifférence au Pakistan, devant la Cour suprême.
« Asia espérait que l’appel soit accepté et qu’elle puisse recouvrer la liberté, mais maintenant elle perd espoir », a déclaré vendredi à l’AFP son mari Ashiq Masih, qui a revu la veille sa femme pour la première fois depuis la confirmation de la peine de mort par la cour de Lahore, capitale de la province du Penjab.
Ashiq Masih, 50 ans, a trouvé refuge dans un quartier populaire de Lahore, où il vit avec les deux plus jeunes filles du couple, Esha et Ehsam. Asia Bibi, quant à elle, est écrouée dans une cellule de la prison pour femmes de Multan, ville située à 350 kilomètres au sud-ouest de Lahore, où elle prie à l’aide d’une petite bible qu’elle ne peut lire car étant analphabète.
Le couple a pu se parler une trentaine de minutes jeudi mais sous la surveillance continue des autorités, a souligné M. Masih. « Pendant presque toute la rencontre, elle était triste et essuyait ses larmes, appelant la Cour suprême et le président du Pakistan à utiliser leurs pouvoirs pour lui rendre justice », a raconté son époux.
Afp