Voilà plus de quatre ans qu’Alep est en guerre contre Alep.
Sa population a été à la fois victime d’une insurrection djihadiste, de bombardements de représailles, d’épuration politique par des tribunaux religieux et des tribunaux gouvernementaux, de règlements de compte entre loyalistes et rebelles d’une part et entre rebelles et djihadistes d’autre part, d’un siège militaire atroce, de pénurie, de famine et d’un déluge de feu continuel, des tirs d’artillerie de tous les belligérants, des barils d’explosifs de l’armée et des « canons de l’enfer » de la rébellion, d’exécutions de masse, d’enlèvements moyennant rançons, d’attaques chimiques, des tireurs d’élite et de bien d’autres atrocités.
Ces dernières semaines, le conflit d’Alep a évolué en faveur des forces gouvernementales qui sont en passe de reprendre le contrôle total de la ville.
Le 13 décembre, appuyé par ses puissants alliés locaux et internationaux, le gouvernement syrien a atteint le dernier carré rebelle du Sud-Est d’Alep au prix de lourdes pertes humaines, surtout parmi les civils pris entre deux feux.
Grâce à la diplomatie internationale, les rebelles, leurs familles et leurs sympathisants ont obtenu un sauf-conduit leur permettant de quitter leurs quartiers assiégés en toute sécurité vers la partie occidentale de la province d’Alep.
Nous sommes soulagés d’apprendre que malgré l’horreur, la vie de dizaines de milliers a pu être épargnée grâce à ses corridors humanitaires, permettant à la population assiégée de rejoindre soit les quartiers gouvernementaux soit les zones rurales demeurant sous contrôle rebelle.
Les civils syriens ont payé un immense tribut dans cette guerre internationale dont ils ne sont souvent que les spectateurs malgré eux.
Cette guerre a semé dans le coeur du peuple syrien un sentiment d’injustice, de désespoir et de revanche.
Nous espérons néanmoins que grâce à l’évacuation des rebelles, les habitants d’Alep-Est et les déplacés pourront connaître un avenir plus serein loin des bombes, des balles et de la haine.
Après avoir envoyé des armes, de l’argent et des combattants pendant près de 1600 jours pour que les Aleppins s’entretuent, certains gouvernements tentent encore d’entretenir un climat de division et de confrontation en jetant la responsabilité de la tragédie d’Alep sur un seul camp.
Nous demandons à toutes les parties en conflit d’adopter une attitude constructive encourageant le dialogue, la paix, la réconciliation et la reconstruction à la fois mentale et matérielle des victimes de la guerre d’Alep.
Car aujourd’hui, la paix est l’unique espoir qui unit tous les Syriens.
Agence pour les droits de l’homme (ADH)/ Genève