Ethiopie : la détresse des réfugiés dans les camps inondés

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La saison des pluies a transformé le camp de Lietchuor, en Ethiopie, en un immense lac parsemé d’îlots. Face à cela, ARRA, l’agence éthiopienne en charge des réfugiés, et le HCR ont décidé de fermer ce camp où vivent environ 40 000 réfugiés sud-soudanais et doivent trouver un site approprié où réinstaller cette population.

Les fortes pluies et les inondations causées par la montée des eaux ont provoqué de gros dégâts dans les camps de transit de Pagak et Pamdong, qui se trouvent aussi dans la région de Gambella. Mais le camp de Lietchuor situé sur un terrain nu et plat, au sol argileux où l’eau stagne, est le plus touché. Les tukuls, des cases en torchis toutes neuves, baignent dans l’eau. La route, une bande de terre surélevée, est la seule partie habitée par les réfugiés sud-soudanais qui y ont installé leurs tentes. Les autres réfugiés sont partis. Des centaines d’entre eux ont trouvé un abri dans des villages alentours, dans la communauté d’accueil ou dans des églises.
Lors du dernier orage, le 24 août, des abris se sont envolés. La base MSF a été inondée, le vent a déchiré la bâche en plastique recouvrant le toit de la tente. Il a fallu reloger le personnel sous d’autres tentes. De plus, les latrines du camp, construites à la hâte, sont pleines d’eau ou se sont effondrées, elles débordent.

Les structures médicales MSF en revanche ont bien tenu. L’hôpital, la maternité, le centre de nutrition thérapeutique intensive (107 lits au total) et le centre de santé qui ont été aménagés sous des tentes continuent de fonctionner.

Les patients sont dans des lits, au sec, car l’équipe logistique de MSF a surélevé les tentes médicales de 30 à 40 cm et construit un système de drainage autour. « Pour rehausser l’hôpital avant la saison des pluies, nous avons dû faire venir 100 camions transportant chacun 5 m3 de terre, explique Suzanne Ceresko, coordinatrice logistique MSF. Aujourd’hui l’hôpital MSF est une île. Mais chaque jour, quand il pleut, il faut pomper l’eau autour des tentes MSF », ajoute-t-elle. La logistique est une composante vitale du travail de MSF sur ce terrain mais représente un coût considérable.

L’impératif est maintenant de trouver un site adapté qui ne soit pas inondable comme les sites de Kule et Tierkidi, mais qui soit aussi arboré pour se protéger des températures caniculaires pendant la saison sèche et où les réfugiés peuvent trouver du bois pour préparer leur nourriture. Enfin le site ne doit pas présenter de risques sécuritaires pour la population réfugiée. Or les sites de Nip Nip, Dima et Pugnido identifiés par les autorités ne répondent pas à ces critères.

MSF est prête à assurer des soins médicaux aux réfugiés qui seront transférés sur un nouveau site approprié. En attendant, les équipes MSF continuent de dispenser des soins dans le camp de Lietchuor où il y a toujours des besoins. Elles reçoivent des patients souffrant principalement de paludisme et d’infections respiratoires, mais aussi d’hépatite E et de jaunisse. Entre fin mai et fin août, 354 cas d’hépatite E et de jaunisse ont été enregistrés. Et les mauvaises conditions d’hygiène actuelles mettent en péril la santé de la population. Aucun cas de choléra n’a toutefois été enregistré. MSF a pu terminer le 23 août la campagne de vaccination et vacciné plus de 39 000 personnes dans le camp de Lietchuor.

Par ailleurs, l’hôpital MSF d’une capacité de 120 lits qui se trouve à Itang, près des camps de Kule et Tierkidi, est inondé. La digue que MSF avait renforcée pour protéger l’hôpital a cédé lors de la tempête fin août. 35 patients hospitalisés ont pu être transférés dans d’autres tentes au sec. Les autres ont été référés dans les structures d’autres partenaires. Le dispensaire où 80% des consultations sont assurées pour des réfugiés, et le reste pour la population locale, n’est plus opérationnel.

L’accès aux soins reste indispensable. Une solution doit donc être trouvée pour que des soins médicaux soient dispensés dans les camps à tous ceux qui en ont besoin.

Source: MSF