Mohamedou Ould Slahi raconte sa détention à Gitmo. Comme il ne dit pas à ses interrogateurs ce qu’ils veulent entendre, il est envoyé en «croisière spéciale tortures».
En juillet 2003, tandis que se poursuivait «l’interrogatoire spécial» de Mohamedou Ould Slahi, le major Geoffrey Miller, commandant de Guantánamo, imagina une nouvelle cruauté. Après des jours d’interrogatoire intensif, Slahi devait être violemment extrait de sa cellule par une équipe de policiers militaires en tenue antiémeute, escorté devant des chiens menaçants et chargé dans un hélicoptère, dans lequel il survolerait l’océan et où on le menacerait de mort ou d’extradition dans un pays du Moyen-Orient –menace rendue d’autant plus réaliste par la présence d’interrogateurs égyptiens et jordaniens à bord de l’hélicoptère. Le plan du général fut révisé ultérieurement car, comme son chef des renseignements le confia plus tard aux enquêteurs du département de la Justice, «Miller avait décidé que [l’hélicoptère] était trop difficile à organiser d’un point de vue logistique, et qu’il faudrait mettre au courant trop de gens de la base pour mettre ce projet à exécution». A la place, le 24 août 2003, conformément au plan signé au final par le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, Mohamedou Ould Slahi fut arraché à sa cellule et embarqué pour une expédition de trois heures dans un bateau sur la mer des Caraïbes, où il fut battu et menacé par des membres de l’armée américaine et deux interrogateurs arabes.
Je venais à peine de terminer mon repas quand soudain et moi avons entendu du tapage, des gardes qui juraient très fort: «Je te l’avais dit, connard…», des gens qui frappaient le sol violemment avec de lourdes bottes, des chiens qui aboyaient, des portes qui claquaient…
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