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Au Pakistan, les enfants se meurent dans le désert du Thar

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Au Pakistan, les enfants se meurent dans le désert du Thar

La petite Mangal, deux mois, vient de rendre son dernier souffle, dans une région reculée et désertique du sud du Pakistan où la sécheresse, la malnutrition et la pauvreté ont tué des enfants par dizaines ces dernières semaines.

Le père de Mangal, Buru, avait passé la nuit entière à tenir les tuyaux de plastique apportant l’oxygène vital aux narines de son frêle poupon. En vain: au petit matin mardi, Mangal s’est éteinte et le ciel est tombé sur la tête de la famille.

«Elle était très faible et nous avions conseillé à son père de l’amener dans un grand hôpital, à Hyderabad, mais il ne voulait pas. Il avait peur des coûts et que sa fille meure en cours de route», confie le docteur Mohanlal Khatri, à la clinique publique de Mithi.

Cette petite bourgade à la porte du désert de Thar, bande de sable coincée dans le sud-est du Pakistan, près de la frontière indienne, reçoit depuis le début de l’année un nombre alarmant d’enfants affaiblis par la pneumonie ou la diarrhée, conséquences d’un cocktail meurtrier mêlant sécheresse, pauvreté et manque chronique d’infrastructures de santé.

«Depuis décembre, 67 enfants sont morts, mais le bilan s’alourdit chaque jour», lance Reema Zubari, de l’autorité pakistanaise pour la gestion des catastrophes.

La presse locale évoque, elle, plus d’une centaine de morts et fait pression sur le premier ministre Nawaz Sharif, qui s’est rendu lundi à Mithi pour annoncer une aide d’urgence d’un milliard de roupies (près de dix millions de dollars) pour les dizaines de milliers de personnes touchées par la sécheresse et la malnutrition.

À l’hôpital local, 80 enfants ont été admis pour malnutrition sévère, mais tous ont survécu sauf un, souligne Sital Das, responsable du programme de l’unité responsable des cas de malnutrition.

Sécheresse et malnutrition, cocktail meurtrier

Dans un camp militaire à Mithi, des femmes vêtues de «Lehenga» colorés, longue robe et châle typique de la communauté hindoue établie dans le désert du Thar, font la queue pour obtenir de l’aide. «Donnez-moi une ration alimentaire, je viens ici depuis hier, mais je n’ai rien reçu !», supplie une des femmes.

Dans les villages alentours, c’est la branche humanitaire de la Jamaat ud-Dawa, organisation islamiste dont le chef Hafeez Saeed, soupçonné d’avoir planifié les attentats de Bombay (Inde) et dont les États-Unis offre dix millions de dollars pour la capture, qui distribue biscuits, gâteaux, et eau potable.

Selon le gouvernement pakistanais, les précipitations ont reculé de 30% dans le désert du Thar, une sécheresse qui affecte particulièrement les villages déjà pauvres de Chacro, Islamkot et Diplo, presque abandonnés par les pluies.

Résultat, le bétail, première source de revenus de ces populations, se meurt. «Nous avions 300 chèvres, mais à cause de la sécheresse et de la variole ovine, la moitié d’entre elles sont morte», regrette Bheer Lal, 30 ans, rencontré à Suram, un hameau de 500 huttes peuplé par la minorité hindoue.

«Notre vie dépend du bétail, si le bétail meurt, c’est notre vie qui est menacée», assure-t-il. Avec la sécheresse, et la pauvreté, qui s’est aggravée avec le manque à gagner lié à la perte de bétail, de nombreuses familles n’ont pu nourrir convenablement de jeunes enfants ou des nourrissons, ainsi affaiblis et exposés à la pneumonie et la diarrhée, mortelles en ces contrées reculées.

A.France Presse