La propagation du terrorisme en Afrique, une grande menace pour les droits de l’Homme et la démocratie des pays africains
Exposé écrit présenté par Agence pour les droits de l’homme à la 47eme session du conseil des Droits de l’Homme -Nations Unies – Le mai 2021
Nous sommes aujourd’hui confrontés à une propagation rapide du terrorisme en Afrique de sorte que les droits de l’homme et la démocratie de certain pays africain, et aussi les valeurs qui sont au cœur de la Charte des Nations Unies et d’autres instruments internationaux sont menacée de plus en plus.
D’après nos recherches et vérifications et selon les infos reçues de nos partenaires en Afrique, une inattendue menace de Daesh (EI) est fortement ressentie sur ce continent. En dépit de lourdes conséquences que le monde a subies ces dernières années par la présence sanglante du terrorisme au Moyen Orient, il semble que les récentes crises telles que le Corona virus ont fait ignorer la propagation de Daesh en Afrique; c’est alors que ces jours-ci le nombre de victimes d’attaques terroristes s’est considérablement multiplié sur ce continent.
Nous tirons la sonnette d’alarme et nous avertissons que les terroristes de Daesh perdant la majorité de leur terrain au Moyen Orient, sont aujourd’hui en train de trouver de nouvel emplacement et de consolider leur position en Afrique. La menace de Daesh en Afrique est beaucoup plus grave que celle déjà vue au Moyen Orient ; Puisque l’Afrique en raison de ses riches ressources naturelles d’une part, et de la pauvreté de son peuple d’autre part, leur offre une très bonne opportunité de renforcer leurs moyens humains et économiques.
L’Agence pour les Droits de l’Homme pour montrer la situation humanitaire sur le terrain, souligne ci-dessous quelques conséquences néfastes de la présence des groupes terroristes et de leurs attaques sanglantes contre les peuples.
Au Mozambique, l’attaque de l’Etat islamique à Palma, fin mars, a provoqué l’exil de 7000 à 10000 personnes. Les déplacements de population ont débuté il y a trois ans avec les premières attaques des insurgés. On compte aujourd’hui 670 000 déplacés internes qui ont trouvé refuge dans les trois provinces du nord du pays. En outre les déplacés risquent d’être pris entre les feux croisés de l’armée mozambicaine et des groupes terroristes.
Au Nigeria, les populations, cibles fréquentes d’attaques sanglantes, fuient Damasak, située dans l’État de Borno. Après une série d’attaques terroristes, menées par les membres de l’Iswap – la faction de Boko Haram affiliée à l’État islamique, les populations fuient la zone et au moins 18 personnes ont été tuées. Des milliers de personnes vulnérables ont traversé la rivière Yobe qui sépare le Nigeria et le Niger, d’autres ont pris la route de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno pour tenter d’échapper aux attaques répétées des terroristes. Ce n’est pas difficile d’imaginer la situation des 85 000 habitants de Damasak qui dépendent largement de l’aide humanitaire.
Dans le centre du Mali également, les chasseurs dozos et les terrorites de la katiba Macina s’affrontent régulièrement. Les derniers affrontements ont fait plusieurs dizaines de morts, des villages brûlés et des familles déplacées.
Au Niger les attaques contre des civils se sont multipliées depuis le début de l’année. Plus de 300 personnes ont été tuées dans trois séries d’attaques contre des villages et des campements de l’ouest du pays, frontalier du Mali. Des hommes armés à moto ont tué au moins 19 personnes lors d’une attaque contre le village de Gaïgorou il y a quelques semaines dans l’ouest du Niger. Cette zone proche de la frontière malienne a déjà été frappée à plusieurs reprises par des attaques terroristes. En mars dernier, treize personnes avaient été tuées au cours d’attaques contre trois villages (Zibane-Koira Zéno, Zibane Koira-Tégui et Gadabo) dans l’Anzourou, une commune voisine de Dessa. La dernière de ces attaques de grande ampleur a eu lieu le 21 mars dernier dans la région de Tahoua, faisant 141 morts en quelques heures dans trois villages et des campements alentour. Selon un rapport de l’ONU, publié le 17 mai 2021, plus de 10 000 personnes ont fui leurs villages en 48 heures dans l’ouest du Niger en raison d’attaques terroristes répétées.
Nous n’avons évoqué que quelques cas des catastrophes liées à la propagation du terrorisme en Afrique pour montrer la réalité triste et ignorée qui existe aujourd’hui dans ce continent.
Nous pensons que la dégradation de la situation sécuritaire dans certaines régions de l’Afrique vient d’atteindre un sommet dangereux, ainsi appelons-nous les gouvernements africains à prendre leurs responsabilités pour protéger les civils et leur donner accès à l’aide humanitaire. La lutte contre le terrorisme suppose une coopération internationale étroite entre les Etats et les ONG au sein des principales organisations internationales habilitées à décréter des mécanismes de prévention ou de sanction dans le cadre de la lutte contre le terrorisme; Ce qui est toujours très loin de la réalité.
Pour prévenir et contrer l’influence du terrorisme en Afrique, il est essentiel d’éliminer les facteurs socioculturels et économiques de la croissance de la pauvreté.
Pour cela nous souhaitons que les normes et critères démocratiques des gouvernements africains se renforce chaque jour de sorte que la liberté d’expression et de religion soient respectée plus qu’auparavant. Nous sommes convaincues que la lutte contre le terrorisme ne peut se faire que dans le plein respect des droits humains et du droit international humanitaire.
Aujourd’hui, de nombreuses entreprises étrangères exploitent commercialement les ressources naturelles africaines bénéficiant des intérêts considérables tandis que les peuples africaines qui sont en majorité pauvres, n’ont aucun part des ressources de leur propre territoire. Il est conseillé aux gouvernements africains d’accorder plus d’attention au droit de leur peuple aux intérêts commerciaux des entreprises étrangères. De cette manière, on espère qu’une partie des problèmes des populations africaines causés par la pauvreté sera résolue.
Nous souhaitons que Mme Fionnuala Ní Aoláin, rapporteuse spéciale sur la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la lutte antiterroriste, considère davantage la menace du terrorisme comme un phénomène qui ne se limite plus aux pays tels que Afghanistan, Iraq, Syrie et Pakistan, mais un phénomène mondiale qui a trouvé aujourd’hui une bonne place dans le continent africain.