Les mesures du Qatar pour les travailleurs migrants jugées « insuffisantes »
Amnesty International a jugé « insuffisantes » mercredi 12 novembre les mesures prises par le Qatar pour limiter les abus contre les travailleurs migrants employés sur les chantiers de la Coupe du monde de football de 2022.
« Une action urgente est nécessaire pour ne pas aboutir à une Coupe du monde bâtie sur le travail forcé et l’exploitation », a déclaré, dans un communiqué, le chef de la section des réfugiés et des migrants au sein d’Amnesty, Sherif Elsayed-Ali.
Quatre ans après l’octroi de la Coupe du monde au riche pays gazier, la réponse de Doha aux questions relatives aux abus des travailleurs migrants « n’a pas dépassé les promesses et les projets de loi », a-t-il déploré. La situation des travailleurs migrants a suscité des critiques internationales après des informations sur des accidents mortels sur les chantiers du Mondial 2022.
En mai, le Qatar s’était engagé à améliorer la sécurité au travail, le logement et les conditions salariales de cette main-d’œuvre. La FIFA pour sa part a été soumise à d’énormes pressions de groupes de défense des droits de l’homme et d’organisations syndicales.
« POIGNÉE DE MESURES »
« Même ces réformes limitées proposées restent lettre morte », a noté M. Elsayed-Ali, ajoutant que « seule une poignée de ces mesures ont été partiellement mises à l’œuvre ».
Dans une interview à CNN le 26 septembre, l’émir du Qatar, Cheikh Tamim Ben Hamas Al-Thani, avait affirmé que son pays avait beaucoup fait pour améliorer les conditions de ces migrants.
Mais M. Elsayed-Ali a accusé le gouvernement du Qatar de « traîner les pieds sur quelques-unes des mesures les plus fondamentales, comme la suppression du visa de sortie et la révision du système abusif de parrainage [appelé Kafala] ».
La Confédération syndicale internationale avait averti en juin que pas moins de 4 000 travailleurs migrants pourraient mourir dans des accidents d’ici à 2022. M. Elsayed-Ali a appelé à des mesures « concrètes » comme l’abolition du visa de sortie et « une enquête indépendante sur les causes des décès des travailleurs migrants ».
Il a également exhorté le Qatar à annuler les frais prohibitifs pour les travailleurs voulant saisir la justice et à publier les noms des mauvais employeurs. L’obtention par le Qatar de la Coupe du monde 2022 fait aussi l’objet de soupçons de corruption, et une polémique fait rage sur l’opportunité d’organiser le tournoi en été sous des chaleurs torrides.
Afp