RDC : 80 personnes tuées dans une opération policière
Human Rights Watch a dénoncé, ce mardi, la mort ou la disparition de plus de quatre-vingts personnes victimes, selon elle, de violences policières lors d’une grande opération policière contre les bandes organisées des kulunas, à Kinshasa.
L’ONG américaine de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch pointe de nouveau du doigt la police congolaise. Elle a dénoncé, ce mardi, la mort ou la disparition de plus de quatre-vingts personnes victimes, selon elle, de violences policières lors d’une grande opération contre le banditisme à Kinshasa, entre novembre 2013 et février 2014.
Entre novembre 2013 et février 2014 en effet, le gouvernement congolais a lancé une vaste opération anti-banditisme visant à mettre fin aux crimes perpétrés par les membres de bandes organisées intitulées « kuluna ». La brutalité de cette opération avait été dénoncée par la société congolaise.
Selon l’ONG, « en l’espace de trois mois, des policiers qui ont participé à l’opération « Likofi » (coup de poing, en lingala) ont exécuté de manière extrajudiciaire au moins 51 jeunes hommes et adolescents, et ont soumis 33 autres à des disparitions forcées ». Les policiers qui ont participé à l’opération « Likofi » « ont souvent agi de façon illégale et brutale », écrit Human Rights Watch dans son rapport d’une soixantaine de pages.
Tout comme l’ONU, l’ONG note que des policiers en uniforme, « le visage dissimulé dans des cagoules noires », ont traîné, sous la menace d’armes, leurs victimes hors de chez eux, la nuit, sans mandats d’arrêt, avant de les abattre, souvent devant des membres de la famille et des voisins. D’autres ont été arrêtés et exécutés dans les marchés ouverts où ils dormaient ou travaillaient, ou bien sur des terrains à proximité ou dans des espaces isolés », précise le rapport.
Selon l’ONG, « dans plusieurs cas, les policiers laissaient le corps dans la rue, peut-être pour effrayer les autres, et ne le récupéraient que plus tard pour le transférer aux morgues de la ville », soulignant que le nombre de victimes de l’opération « Likofi » « est probablement supérieur » aux cas qu’elle dit avoir documentés à partir d’entretiens avec une centaine de personnes, témoins, proches des victimes, policiers.
L’ONG demande aux autorités de « suspendre immédiatement le chef de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama, et d’ouvrir une enquête judiciaire sur son rôle présumé dans les exactions commises lors de cette opération ».